L’actualité des acquisitions sur le marché européen

contrôle de gestion

Philippe Giraudon
Associé-Gérant PHG FINANCE, CIIA
Professeur à Sciences Po Paris
Intervenant EFE sur les formations « Évaluation financière d’une entreprise » des 21-22 septembre 2023 à distance et 14-15 décembre 2023 à Paris et « Évaluer la rentabilité d’un projet d’investissement » des 22-23 juin et 23-24 novembre 2023 à distance

Comment expliquer les nombreuses acquisitions d’entreprises européennes ?

Leurs atouts en font des cibles attrayantes pour des acquéreurs étrangers (notamment industriels ou fonds souverains) : un positionnement de leader, une technologie, des brevets, un savoir-faire, un accès au marché européen, un vaste portefeuille clients, une valeur stratégique, un moyen d’augmenter son influence en terme géopolitique, etc. Ceux-ci intéressent notamment des acquéreurs asiatiques ou moyen-orientaux.

A quels challenges majeurs doivent faire face les dirigeants d’entreprises ?

De nombreuses Directions Financières sont contraintes de réorganiser régulièrement la gestion de leur trésorerie du fait de la hausse des coûts d’approvisionnement et opérationnels liée notamment au contexte d’inflation, aux délais de paiement particulièrement longs de leurs clients (supérieurs en moyenne au maximum légal) ou de difficultés financières d’un nombre croissant d’entre eux (en situation de redressement ou en liquidation). La sécurité des données, notamment face aux risques de cyber-fraudes/de piratage informatique (hacking), devient également un domaine de plus en plus sensible. Enfin, les dirigeants doivent impérativement adapter leur stratégie et leur positionnement face aux nouveaux paradigmes imposés notamment par la digitalisation, l’utilisation croissante des outils d’Intelligence Artificielle, le développement de nouveaux modèles économiques « disruptifs » (pour certains gratuits) et l’exploitation massive des données clients.

Quels facteurs soutiennent les niveaux élevés de valorisation des entreprises du luxe ?

Les acteurs français du luxe au sens large (les KHOL pour Kering, Hermès, L’Oréal et LVMH) ont vu leur capitalisation boursière augmenter très significativement pour représenter environ 40% de la capitalisation boursière du CAC 40. De façon très notable, leur valeur en bourse a notamment quasiment doublé entre mars 2021 et mai 2023 (de 500 milliards d’euros à près de 1000 milliards d’euros). Cette situation très favorable pour ces acteurs reflète l’expansion exceptionnelle de l’industrie du luxe, sa capacité à se développer activement dans la sphère digitale et à trouver des relais de croissance en Amérique du Nord et en Europe (notamment depuis la crise du Covid), un pouvoir de fixation des prix très significatif y compris dans un contexte d’inflation et la croissance de la demande en Asie (dont notamment en Chine grâce au développement très significatif du nombre de consommateurs ayant davantage de moyens financiers).